Gilles Loison biographie de François de Roubaix

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Gilles Loison revient sur la genèse de son livre : « François de Roubaix, charmeur d’émotions » au moment où le stock est définitivement épuisé.

Propos recueillis par François Louchet / FL éditions en février 2024.

Comment as-tu eu l’envie d’écrire un livre sur François de Roubaix ?

Etant fan depuis mes 15 ans, j’ai constamment cherché des infos sur lui. A la sortie du cd « télé tubes volume 2 » chez PlayTime FGL (label de musique de films), j’ai découvert 3 musiques de de Roubaix et sa fille Patricia était créditée dans les remerciements. J’ai donc écrit à FGL afin d’avoir les coordonnées de Patricia ; un soir, Stéphane Lerouge, qui avait lu mon courrier, m’appelle au téléphone et l’on convient d’un rendez-vous dans Paris.

J’avais, à l’époque, réalisé une petite filmographie illustrée avec une bio reprise d’Alain Lacombe (journaliste et critique de musique de cinéma), et des photos couleur, que je lui ai donné. Par la suite, il m’a invité à une soirée Sacem en hommage au compositeur René Cloërec où j’ai rencontré le réalisateur Jean Dewever (les Oiseaux Rares, le Ballot). C’est la première interview que j’ai faite. Nous sommes en 1995.

J’avais déjà l’idée de faire un bouquin et parallèlement, je m’étais procuré le guide du show business où j’ai pu trouver pas mal d’adresses de chanteurs ou de réalisateurs ; j’ai envoyé une série de courriers et j’ai commencé à avoir des retours : François Dupont Midy m’a écrit (Pour un sourire), Hugues Aufray m’a téléphoné, je n’avais rien pour enregistrer, en vitesse j’ai pris un bloc et j’ai pu noter les informations qu’il me donnait sur la chanson (du film la loi du survivant ), Pierre Houdain, chef monteur chez Telfrance, m’a appelé également.

Jean-Pierre Rousseau (le panneau de particules), lors d’une rencontre me parle de Jean Casati (Rio Araguaia) ; j’appelle ce dernier qui m’invite à dîner chez lui et nous visionnons son documentaire. Les courriers fonctionnaient bien et les rencontres faisaient « boules de neige » en me dirigeant vers d’autres personnes ; c’est comme ça que je suis allé chez Peter Kassovitz (la Montre), qui m’a dit que François avait été crédité mais qu’il n’avait pas écrit beaucoup de musique pour ses deux courts métrages. José Giovanni ma appelé un soir, pendant qu’il préparait son film « Mon Père », et m’a proposé un rendez-vous dans les bureaux d’Alain Sarde. Michel Wyn m’a également téléphoné suite à mon courrier (les Suspects). Edmond Séchan m’a aussi convié chez lui (les Borgnes sont rois). J’ai pu tenir un bref instant l’Oscar qu’il avait gagné pour son court métrage. Dès que tu parlais de de Roubaix, tout le monde était très réceptif !

Combien de temps à durer cette collecte d’informations ?

Sur 10 ans, mais de manière épisodique, selon les opportunités de rencontres que je calais en priorité par rapport à mon activité de graphiste.

Ecrivais-tu au fur et à mesure que les informations arrivaient ?

Non, je suis quelqu’un qui emmagasine, rumine et ressort tout à la fin. L’écriture a été donc beaucoup plus rapide que la collecte d’infos.

Et en 2002, j’ai été en relation avec Jean-François Soulas, car je voulais interviewer son épouse Catherine (de Roubaix, la sœur de François).

Nous nous sommes rencontrés chez Vonnick (Yves Josso ami de FDR) que je connaissais déjà un peu et nous avons réalisé cet ITV à trois. Par la suite je suis resté en lien avec Jean-François et Catherine qui m’aidaient à identifier des photographies.

Quand j’ai démarré en novembre 1995, je suis allé au Forum des Images, voir « les Aventuriers » en la présence de Patricia de Roubaix.

Lorsqu’elle a quitté Paris pour s’installer dans le sud de la France en 1999, elle a laissé les archives et bandes de son père à Courbevoie dans un entrepôt de Sido Music ; il y avait quatre palettes complètes de bandes, dossiers et photos et grâce encore à Stéphane Lerouge, qui supervisait la collection “Ecoutez le cinéma”, j’ai pu commencer à étudier ce fond d’archives. Je lui apportais aussi les bandes à numériser ainsi que des photos pour les livrets en l’aidant à identifier certains morceaux de musiques parfois isolés sur les enregistrements.

J’ai pu aussi par son intermédiaire rencontrer Henri Piégay (A vous de jouer Milord) ainsi que Yves-Marie Maurin (la Mer est grande).

Quelques fans, dont Dominique Huré, m’ont envoyé des vhs de films et de feuilletons télé ou des émissions de radio.

J’ai aussi écrémé toutes les pages d’internet pour trouver la cassette du film « Touch me not », que j’ai pu obtenir depuis la Californie…

Toutes les semaines, je sortais du stock de Courbevoie, des photos que je scannais et une dizaine de bandes que je numérisais grâce à l’achat d’un magnétophone Revox relié à un enregistreur de cd.

Ce gros travail d’inventaire et de numérisation a ensuite été transmis à Patricia et Benjamin.

Parallèlement je continuais de rencontrer des gens, Vaea Sylvain (Téva, un peu beaucoup, passionnément), grâce à Sandrine Tasso (site francoisderoubaix.com) ou Bernard Maitre (les onix) qui m’a prêté ses bandes des musiques composées avec François.

Et en 2000, Laurent Dubois m’a contacté car il préparait de son côté un projet qui, à ce moment-là, se présentait sous forme de fiches de films. Et il m’a proposé de joindre nos efforts. Il a contacté le ministère de l’agriculture, EDF, les PTT ; il a fait un gros travail de collecte de vidéos de feuilletons, de films, de courts métrages que je n’avais pas eu le temps de faire.

J’ai emprunté une dizaine de copies 16 mm de courts métrages, que j’ai fait numériser dans un labo à Neuilly spécialisé dans le télécinéma.

Laurent est allé jusqu’en Bretagne récupérer, chez le producteur, le feuilleton « les Survivants » et a réalisé aussi des interviews qu’il me transmettait (Jean Herman, Gilles Dreu, Robert Enrico). Chez Dovidis, il a emprunté les films 16 du feuilleton “Trois de coeur” et je suis allé à la SFP vérifier toutes les collures avant qu’ils soient transférés sur VHS.

L’idée d’une biographie est-elle présente depuis le début ou alors est-elle venue pendant les interviews ?

Dès le début, avec une partie bio et une partie filmo, que j’avais commencé à mettre en page au fur et à mesure, car je souhaitais faire la maquette moi-même. J’avais des fonds photos sur chaque page mais je n’ai pas poursuivi dans cette voie car ce n’était pas très lisible avec les textes…

J’ai réalisé une première maquette simplifiée de la bio, avec des pages texte et des pages photos en face à face, que j’ai envoyée à une dizaine de grands éditeurs qui trouvaient le sujet très intéressant mais qui, malheureusement, n’avaient pas de collection cinéma dans leur catalogue. Je ne voulais pas d’un livre avec juste un cahier photos central comme cela se fait souvent dans les biographies ; il me fallait un éditeur de « beaux livres » et c’est François Cohen-Séat, le repreneur des Films du Centaure, (créés par Paul de Roubaix), qui m’a présenté les éditions Chapitre Douze. Nous sommes en 2005.

C’est vraiment à ce moment là que j’ai commencé l’écriture, à raison d’un chapitre toutes les deux semaines, après avoir fait relire par Vonnick qui pouvait ajouter des compléments d’informations. Patricia a aussi relu l’ensemble à la fin et je lui ai demandé d’écrire une préface qu’elle à co-signée avec lui.

Je ne pensais pas que ce projet aboutirait aussi rapidement ; tout s’est bien « enclenché », les rendez-vous avec les différentes personnalités, l’écriture et l’édition…

Il faut préciser que tu as démarré ce projet au moment où des disques ressortaient, qu’il y avait un nouvel engouement pour les musiques de François et tu as eu la chance de rencontrer beaucoup de personnalités qui malheureusement commençaient à disparaître…

Oui tout à fait, il y en a que j’ai « ratées » à l’époque des ITV comme Yves Boisset mais qui était présentes à la première journée hommage en 2003 à Paris ; c’était dingue dans la mesure où ce n’était pas une réunion dite « professionnelle », mais Boisset est venu témoigner spontanément, tout comme Pierre Lary (les secrets de la mer rouge), Marc Laferrière, Maurice Lecoeur, Stéphane Guérault, les amis comme Georges Billecard, Michel Schlienger, Lorraine de Roubaix, Vaea qui s’est éclipsée après la projection des musiciens de la pellicule, trop émueet j’ai donc utilisé pour le livre le témoignage de Boisset.

La date butoir de sortie du livre était fixée au mois de novembre 2005 mais nous attendions encore des infos supplémentaires et nous avons finalisé début 2006. Le livre est sorti en septembre pendant le week-end hommage, organisé par Patricia au Divan du Monde à Paris.

Puis le livre a été en vente pendant 4 ans jusqu’en 2010 et là, les choses se sont gâtées ; le diffuseur a bloqué le stock de Chapitre Douze, après des factures non réglées par l’éditeur…

Ce n’est que 7 ans plus tard, début 2017 que des exemplaires sont réapparus sur le net via un soldeur.

Et c’est à cette période que FL éditions a pu acheter et donc diffusé le reliquat du stock via son site.

Clap de fin !


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